Communiquer avec une personne âgée atteinte d’aphasie dans le cadre de la démence

Anamnèse du patient

Je rencontre Mme L., résidente d’un EHPAD, qui vit depuis trois ans dans un service de CANTOU. Agée de 85 ans, elle souffre de démence de type Alzheimer. Elle n’a que très peu, voire pas du tout, d’interactions verbales avec les autres résidents ou les soignants. Les interactions entre résidents, verbales ou non verbales, sont par ailleurs très limitées et peu encouragées.

A mon arrivée, très peu d’informations sont disponibles dans le dossier médical et paramédical de Mme L.

La démence d’Alzheimer dont elle souffre engendre, outre des troubles mnésiques grandissants, de sérieux troubles praxiques du côté gauche dont un ralentissement moteur général important. Elle ne peut pas manger seule et se déplace avec difficulté uniquement lorsqu’elle y est invitée.

Au niveau du trouble phasique, je crois d’abord qu’elle souffre de mutisme, puis découvre qu’elle souffre en réalité d’une aphasie quasi-totale avec une perte importante de la capacité de parler et de lire.

Le GIR (groupe iso-ressources) de Mme L. est le GIR1, le niveau de perte d’autonomie d’une personne âgée étant évalué du GIR 1- le niveau de perte d’autonomie le plus fort, au GIR 6 – le niveau de perte le plus faible.

Elle est mariée et a deux enfants. Son mari, toujours en vie, habite à proximité de l’EHPAD mais ne lui rend plus visite. Il s’occupait seul de sa femme avant son entrée à l’EHPAD, et, selon les informations recueillies auprès du personnel, éprouve une grande fatigue et une détresse émotionnelle lors des premières visites, et ne vient donc plus.

Son fils ne lui rend pas visite non plus.

Sa fille, quant à elle, lui rend régulièrement visite. D’après le personnel soignant, celle-ci souffre de troubles psychiatriques amenant une forme d’instabilité et d’insécurité, ressentie lors des visites. Je n’en saurai pas plus. Je la vois très régulièrement et semble impliquée dans le bien-être de sa maman (promenades, soins des mains). Elle ne prévient toutefois pas sa maman lorsqu’elle s’en va.

Il y a ici diagnostic de syndrome abandonnique, sujet de suivi par la psychologue en plus des syndromes dus à la démence, et c’est la raison pour laquelle il m’a été demandé d’être vigilante sur les mots et expressions employés, de toujours l’informer du planning de mes venues et annoncer clairement lorsqu’il est l’heure du départ.

Le changement est difficile pour Mme L. L’absence et l’abandon ont créé un besoin d’activités et de relations à long terme pouvant lui redonner confiance.

Elle a déjà bénéficié de séances d’art-thérapie et de séances de psychomotricité qu’elle a beaucoup appréciées. Ces dernières sont intervenues avant mon arrivée et se déroulaient pour la plupart autour de la musique.

Toutes les séances proposées en face à face semblent lui redonner confiance et valoriser ce qu’elle fait, lui permettent d’évoluer dans un espace détendu et chaleureux en créant un sentiment de sécurité.

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