“La naissance représente une coupure radicale et traumatique de tout ce que le bébé connaissait en tant que fœtus. Dehors, les perceptions externes au corps de la mère sont extrêmement différentes de celles qu’il avait expérimentées pendant la période de gestation : la voix de la mère, bien moins atténuée, l’absence de bruits corporels, la perte des sensations physiques dues aux mouvements dans l’utérus, la perception de la voix du père, des bruits du foyer …  Un bébé né à terme, dans des conditions normales, peut surmonter cette coupure et s’adapter à la vie grâce à l’affection, aux soins de sa mère dont il reconnaîtra la voix, de son père et de l’entourage familial tout au long des journées qui suivent sa naissance. Il n’en va pas de même pour le bébé né prématurément qui doit lutter pour survivre, à l’aide de soins parfois douloureux, dans une ambiance extérieure bruyante et inconnue, alors que son entourage familial, et en particulier sa mère, ne peut pas être constamment près de lui. Pour les parents, le bébé né prématurément est souvent loin de l’idéal souhaité. Sa naissance, parfois traumatique, peut empêcher ou retarder l’acceptation de ce bébé en tant que leur propre enfant. La dyade (mère-enfant) ou la triade (mère-père-enfant) ne se fait pas naturellement ou se fait dans la souffrance et l’inquiétude.

Comment, dans cette situation, favoriser le développement et l’épanouissement du bébé prématuré et la construction du lien d’attachement avec ses parents ? La musicothérapie peut-elle participer à apporter à ces nouveau-nés l’apaisement, la stimulation et le bien-être dont ils ont besoin après une naissance traumatique ? Comment peut-elle soutenir les parents face à cette épreuve ?

Cet article se propose d’étudier le cas d’Harmonie, née prématurément et prise en charge dans le service de néonatologie de l’hôpital Simon Veil de Troyes. Sa particularité : ses parents, non-francophones, se sont retrouvés, au même titre que leur nourrisson, plongés subitement dans un univers où la barrière de la langue entre soignants et famille impactait la sérénité de ces premiers temps de vie. Lorsque le langage devient un obstacle, la musicothérapie peut-elle se positionner comme un facilitateur de lien et d’apaisement ? […]”

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