Articles

Annie-Claude Perrault. Essai présenté comme exigence partielle du Doctorat en psychologie, avril 2019, Université du Québec à Montréal.

Résumé : Il est généralement reconnu que le trouble du déficit de 1′ attention avec hyperactivité (TDAH) soit associé à des déficits cognitifs, notamment dans le domaine des fonctions attentionnelles et exécutives. Depuis plusieurs années maintenant, des chercheurs tentent de dresser avec plus de finesse le profil cognitif associé au TDAH. Cela permet une meilleure compréhension de la nature du trouble, mais également d’orienter et de raffiner la démarche d’évaluation diagnostique. Or, la démarche classique d’évaluation du TDAH se base essentiellement sur les critères diagnostiques énoncés dans le DSM-5 et s’appuie sur la présence ou non de certains comportements cibles (inattention, hyperactivité et impulsivité) dans les divers milieux de vie de 1′ enfant. Considérant que des limites pouvant diminuer la fiabilité du diagnostic sont associées à cette façon de procéder, dont le nombre élevé de faux positifs qu’elle génère, et compte tenu du fait que des déficits cognitifs soient associés au trouble, de plus en plus d’auteurs recommandent d’adopter une démarche d’évaluation multimodale, incluant 1′ évaluation cognitive, afin de pallier les limites de la démarche classique d’évaluation et d’améliorer la fiabilité du diagnostic de TDAH. Malgré cela, peu d’études se sont intéressées à la valeur prédictive des épreuves cognitives sur le diagnostic de TDAH. Quelques unes ont montré que l’évaluation de certaines mesures cognitives permet de distinguer les jeunes qui ont un TDAH de ceux qui présentent un développement typique. Toutefois, ces études présentent des limites et ne permettent pas d’évaluer la valeur prédictive des mesures cognitives pour distinguer les jeunes qui ont un TDAH de ceux ayant d’autres problèmes d’adaptation nécessitant une consultation clinique, ce qui constitue une lacune en matière de diagnostic différentiel. Cet essai s’inscrit donc dans ce courant et s’intéresse à la relation prédictive qui existe entre des mesures des fonctions attentionnelles et exécutives et le diagnostic de TDAH avec présentation mixte dans une population clinique de jeunes qui consultent pour des difficultés d’adaptation, en tenant compte du sexe. Afin de répondre à la question soulevée, une étude rétrospective est menée à partir d’un échantillon clinique composé de 125 enfants, dont 30 filles et 95 garçons, tous âgés entre 8 et 15 ans inclusivement (M = 10.39 ans). Pour chaque enfant, les informations suivantes sont considérées : les résultats aux épreuves cognitives qui permettent 1′ évaluation des fonctions attentionnelles et exécutives, et le diagnostic posé par le médecin traitant. La relation entre les performances aux épreuves cognitives et le diagnostic de TDAH présentation mixte est évaluée à l’aide x d’analyses discriminantes. Les mesures de sensibilité, de spécificité, de rapports de vraisemblance et de rapport de cotes diagnostic ont été calculées. Les résultats révèlent que les épreuves mesurant l’inhibition cognitive (évaluée par le nombre total d’erreurs commises à la condition 3 du sous-test interférence couleur mot de la batterie D-KEFS), l’inhibition d’une réponse motrice (évaluée par le nombre d’erreurs de commission à 1′ épreuve du CPT Il) et 1′ attention soutenue visuelle (évaluée par l’indice de confiance à l’épreuve du CPT Il) sont celles qui permettent de prédire avec le plus de précision le diagnostic de TDAH présentation mixte. À elles seules, ces trois mesures classent correctement près de 80% des participants, avec une sensibilité de 80% et une spécificité de 78%. De plus, les résultats indiquent que l’association entre le TDAH et ces trois variables ne diffère pas entre les filles et les garçons. Dans 1′ ensemble, ces résultats montrent la pertinence de ces trois épreuves cognitives pour prédire le diagnostic de TDAH mixte. De plus, ils suggèrent que dans le cadre d’une évaluation multimodale, l’évaluation des fonctions exécutives et attentionnelles, et plus particulièrement des capacités d’inhibition et d’attention soutenue, pourrait aider à identifier les jeunes ayant un TDAH présentation mixte dans une population clinique de jeunes qui consultent pour des difficultés d’adaptation, et contribuer à améliorer la fiabilité de la démarche diagnostique. Ceci mérite toutefois d’être encore étudié. Ainsi, d’autres études devraient être menées afin d’évaluer si ces épreuves contribuent à la précision du diagnostic lorsqu’il est effectué dans une approche multimodale qui inclut aussi 1′ observation des comportements caractéristiques du TDAH mixte. »

Lire l’essai